mercredi 6 mars 2013

Simple ocularisation, détournée

Ces yeux de plastique qu'on a ajoutés à cette sommaire bouche d'égout (sans grille) donnent au visage qu'ils forment avec celle-ci un air scandalisé.
Devant le spectacle de ce que la bouche va avaler (qu'est-ce ? du sang ? du vomi ?) qui ne serait pas scandalisé ?
Mais ces yeux sont la manifestation d'une pratique d'« art urbain » -comme le graffiti par exemple- qu'on appelle en anglais « eyebombing » (on en parle ici) qui consiste à ajouter des yeux aux objets inanimés qui n'en ont pas pour, écrit-on, « humaniser les rues » et « faire briller le soleil pour les passants ».
Quel sentimentalisme sirupeux !
J'avais pensé que c'était pour leur donner des remords, à ces passants, ainsi qu'à toute l'humanité, devant ce qu'ils font à notre planète ( « bombing » , « bombardement », me semblait un terme approprié dans cette perspective).
On le voit, il s'agit d'une simple opération d'« ocularisation » des choses : les locuteurs anglophones fondateurs de cette forme d'art se laissent aller encore une fois à une exagération verbale regrettable et que semble, sans raison, aimer notre époque : toujours le « Big is beautiful » sous une forme ou une autre.
[Soupir et lassitude !]
Pourquoi rendre tout obèse ?
J'espérais pour ma part une opération qu'on aurait pu appeler en français « Opération Vriller des yeux ».
Je suis un peu déçu mais je crois que je vais pirater cet art pour en faire ce qui me plaît.

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