lundi 4 novembre 2019

Le livre et la lecture au temps des écrans

Un compte rendu de ce livre dans le magazine Books, sur le livre et la lecture, par Pauline Toulet.


En moyenne, le temps que passe chaque année un Américain sur son téléphone équivaut à vingt fois celui qu'il faut pour lire les sept volumes de La Recherche, de Proust. C’est du moins ce qu'indique une étude citée par Leah Price dans « What We Talk About When We Talk About Books ». Professeure à l’université Rutgers, dans le New Jersey, cette spécialiste de l’histoire du livre fait voler en éclat un certain nombre d'idées reçues au sujet de l’art prétendument perdu de la lecture.

À l’heure où l’on annonce la disparition prochaine du livre imprimé et où l’on déplore le déclin de notre capacité de concentration dû à la multiplication des écrans, Leah Price se veut rassurante. Ce genre d’inquiétudes, liées à des révolutions technologiques, parsème l’histoire de la lecture. On prédisait que les journaux allaient tuer le livre, puis que ce serait la radio ou la télévision qui s’en chargeraient, sans que ces prophéties ne se réalisent jamais.

Quant à la lecture attentive, dont nous ne serions plus capables, elle n’a tout bonnement jamais existé. « Si l’on décrit généralement ceux qui lisent des livres comme des êtres méthodiques et patients, progressant laborieusement de la première à la dernière page, Price s’appuie sur une multitude d’exemples pour montrer que les lecteurs ont toujours “sauté des passages et lu en diagonale” » commente l'historienne et romancière britannique Daisy Hildyard dans The Times Literary Supplement.

Nos sociétés n’ont pas toujours vénéré la lecture, souligne Price. Si certains aujourd’hui se lamentent du peu d’intérêt de la jeune génération pour les livres, l’auteure rappelle qu’au XVIIe siècle les moralistes voyaient la lecture d’un mauvais œil, craignant qu’elle nuise à la santé de l’âme et du corps.

Price ne croit pas à la mort du livre imprimé, pointe le poète américain Dan Chiasson dans The New Yorker. Mais « elle met en garde contre le danger de faire des livres un “bunker” où se retrancher pour se protéger des assauts de la vie numérique. »

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