vendredi 11 septembre 2020

Description d'un type méprisable qui a déshonoré la fonction qu'il a occupée

Voici une description exacte de ce type auquel on élève d'imméritées statues et qu'on représente sur du papier monnaie parce qu'il est le premier premier ministre du Canada qu'il déshonore par le seul souvenir qu'on veut nous imposer de lui :

John A Macdonald vu par Serge Bouchard :
(Extrait d’un article dans la revue l’Inconvėnient, printemps 2015)
 

S’il existe un personnage indigne dans l’histoire du Canada, c’est bien cet avocat corrompu, ce politicien raciste qui fut la honte de ses contemporains, un homme sans compassion et sans principes, un voyou en cravate qui eût été sanctionné en des temps moins laxistes. Nous sommes loin des Thomas Jefferson de ce monde, loin des vues politiciennes élevées et des idées éclairées. Le gouvernement fédéral aura beau signer des campagnes publicitaires faisant l’éloge des Pères de la Confédération, ces «grands hommes» visionnaires et désintéressés qui seraient transportés de satisfaction s’ils voyaient le Canada d’aujourd’hui, personne n’achètera jamais cette distorsion grossière de l’histoire.

La Confédération canadienne de 1867 fut le fait d’une assemblée de développeurs véreux qui cherchaient fortune dans des échafaudages de complots immobiliers et de fraudes économiques réalisés à une échelle qui dépasse l’imagination. Le Canada ne résulte pas d’un grand principe ou d’un élan révolutionnaire. Il a surgi par défaut, à défaut d’idées justement, en face des Américains brillamment affranchis de la vieille Europe. Si les États-Unis ont pris souche à Philadelphie, Boston et Washington, le Canada, lui, est né à Londres, où des hommes serviles et opportunistes vont tirer profit de deux gigantesques scandales.

De fait, quelque deux ans après la création du pays, le gouvernement fédéral procédait à une transaction éminemment suspecte : il acheta la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest, propriétés foncières de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la Grande-Bretagne – on parle du plus gros holding terrien de l’histoire, soit un tiers de l’Amérique du Nord – sans consulter le moindrement les habitants de ces vastes espaces, soit 100 000 autochtones installés là depuis des milliers d’années. Cette transaction barbare et brutale allait enrichir une caste britannique de notables intrigants, mais surtout, elle allait entraîner le grand malheur des Métis et des Premières Nations. Elle ouvrait aussi la voie à une magouille plus importante encore : le projet du Canadien Pacifique. Ce chemin de fer fut le plus grand crime économique de notre histoire.
Spéculation foncière, patronage, pots-de-vin... On connaît la chanson.

Cependant, le pire des héritages de Macdonald, c’est le racisme : la répression des Métis, des Cris, des Saulteux- Ojibwés et des Assiniboines dans le Nord-Ouest en 1885, la pendaison de Louis Riel et des rebelles cris, la Loi sur les Indiens, les traités frauduleux et non respectés, les réserves indiennes, les politiques pour éradiquer l’indianité – faire mourir les langues et les nations, les mémoires et les cultures amérindiennes –, la loi pour empêcher les Chinois et les Noirs de voter aux élections, l’affirmation explicite de la supériorité de la race aryenne au Canada, le sentiment antifrancophone, la promotion des idéologies radicales des orangistes... Dit autrement, l’étroitesse, la petitesse et la mesquinerie d’un homme de fort mauvais esprit. Go, Canada, go !

Les biographes font dans l’hagiographie quand il s’agit de sauver la face de ce personnage odieux ; on l’excuse en disant qu’il épousait les idées de son époque. Mais cela ne tient pas la route, cette défense est carrément irrecevable. Au temps de John A. Macdonald, il y avait des gens honnêtes, de grands humanistes, des Noirs qui luttaient pour la liberté et l’égalité, des Amérindiens qui dénonçaient l’injustice des traités, des femmes qui militaient pour les droits des femmes, des libres penseurs qui s’insurgeaient contre les abus de pouvoir, des visionnaires qui voyaient dans le métissage biolo- gique et culturel l’avenir de l’humanité. Il y avait même des alcooliques sympathiques. Ce que n’était pas Sir John. Difficile en effet de glorifier un malotru qui vociférait sa haine raciale en public lorsqu’il avait trop bu, ce qui arrivait souvent. D’ailleurs, avait-il toute sa tête, notre éminent premier ministre, lorsqu’il déclara en pleine Chambre des communes qu’il n’était pas sain que les races aryennes se fusionnent aux autres, tout comme « le croisement d’un chien et d’un renard n’est pas réalisable, il ne peut être et ne sera jamais » ?

C’est à ce raciste méprisable qu’on veut donner le titre de père du Canada moderne.


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