mercredi 28 décembre 2011

Madeleines

L'Église de la Madeleine à Aix-en-Provence, place des Prêcheurs.
Je vous la présente à cause du réverbère devant, et, un peu, de l'obélisque à droite de la photo.
Je trouvais un air 18e à l'église, c'est-à-dire pas pieuse, philosophique, quasi voltairienne.
J'avais sans doute tort.
Mais je lui préférais le Palais de Justice en face, vraiment Louis XVI.
Par ailleurs, puisqu'elle s'appelait  « église de la Madeleine », elle me semblait, superstitieusement, avoir un rapport avec « À la recherche du temps perdu ».
Comme la « Place de la Madeleine » à Paris.
Je suis proustien, que voulez-vous?
Quant à l'obélisque (décor de fontaine en réalité), dédié à deux personnages sur quatre que je porte peu dans mon cœur (Charles III de Provence qui a légué la Provence au Royaume de France et, ainsi, provoqua historiquement la perte la la langue de celle-ci; et Louis XV qui a perdu la Nouvelle-France, autre perte linguistique tragique), je lui trouvais l'air un peu bizarre.
Je vous présente aussi l'église de la Madeleine parce que François de Malherbe y a été baptisé (encore enfant, hélas, et pour son malheur) et que je voulais vous présenter la paraphrase que celui-ci a faite du psaume 145, paraphrase qui parle de la mort comme du grand égalisateur, qui fait des rois et des dictateurs (sans compter les papes et autres prêtres de toutes les religions, ni ceux qu'on a proclamés Dieu ou dernier des prophètes) des sacs à merde, si vous me permettez cette expression vulgaire que n'aurait pas refusée Malherbe, j'en suis sûr:

Paraphrase du psaume CXLV
 
N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde

Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde

Que toujours quelque vent empêche de calmer.

Quittons ses vanités, lassons-nous de les suivre;
 
C'est Dieu qui nous fait vivre,

C'est Dieu qu'il faut aimer.



En vain, pour satisfaire à nos lâches envies,

Nous passons près des rois tout le temps de nos vies

À souffrir des mépris et ployer les genoux:

Ce qu'ils peuvent n'est rien; ils sont comme nous sommes,
 
Véritablement hommes,

Et meurent comme nous.



Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière

Que cette majesté si pompeuse et si fière

Dont l'éclat orgueilleux étonne l'univers;

Et dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines
 
Font encore les vaines,

Ils sont mangés des vers.



Là se perdent ces noms de maîtres de la terre,

D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre;

Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs,

Et tombent avec eux d'une chute commune
 
Tous ceux que leur fortune

Faisait leurs serviteurs.


Je vous présente une des traductions françaises de ce psaume. Si vous la lisez bien vous verrez que la paraphrase de Malherbe en est très éloignée (le psaume louange Dieu et, accessoirement, dit que les puissants seront humiliés par Lui. La paraphrase de Malherbe est purement un déboulonnage de l'image des rois et des puissants).
S'il n'avait pas présenté son poème comme une paraphrase d'un psaume, il n'est pas sûr qu'il aurait conservé sa tête très longtemps, celle-ci lui aurait été enlevée par la hache du bourreau
Voici le psaume:

Louange.

De David.

Je t'exalterai, ô mon Dieu, mon roi! Et je bénirai ton nom à toujours et à perpétuité.
Chaque jour je te bénirai, Et je célébrerai ton nom à toujours et à perpétuité.
L'Éternel est grand et très digne de louange, Et sa grandeur est insondable.
Que chaque génération célèbre tes œuvres, Et publie tes hauts faits!
Je dirai la splendeur glorieuse de ta majesté; Je chanterai tes merveilles.
On parlera de ta puissance redoutable, Et je raconterai ta grandeur.
Qu'on proclame le souvenir de ton immense bonté, Et qu'on célèbre ta justice!
L'Éternel est miséricordieux et compatissant, Lent à la colère et plein de bonté.
 L'Éternel est bon envers tous, Et ses compassions s'étendent sur toutes ses œuvres.
Toutes tes œuvres te loueront, ô Éternel! Et tes fidèles te béniront.
 Ils diront la gloire de ton règne, Et ils proclameront ta puissance,
 Pour faire connaître aux fils de l'homme ta puissance Et la splendeur glorieuse de ton règne.
1Ton règne est un règne de tous les siècles, Et ta domination subsiste dans tous les âges.
 L'Éternel soutient tous ceux qui tombent, Et il redresse tous ceux qui sont courbés.
Les yeux de tous espèrent en toi, Et tu leur donnes la nourriture en son temps.
Tu ouvres ta main, Et tu rassasies à souhait tout ce qui a vie.
 L'Éternel est juste dans toutes ses voies, Et miséricordieux dans toutes ses œuvres.
L'Éternel est près de tous ceux qui l'invoquent, De tous ceux qui l'invoquent avec sincérité;
Il accomplit les désirs de ceux qui le craignent, Il entend leur cri et il les sauve.
L'Éternel garde tous ceux qui l'aiment, Et il détruit tous les méchants.
Que ma bouche publie la louange de l'Éternel, Et que toute chair bénisse son saint nom, A toujours et à perpétuité!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire