samedi 16 avril 2011

Lèvres

Superbe affiche de Michal Batory pour annoncer sa propre exposition aux Arts décoratifs à Paris, des lèvres qui dessinent un cœur mais de profil.
Il y a un diaporama de ses affiches ici dans 20 minutes.fr
.
Cela mériterait la citation d'un poème que je cherche et que je vous présenterai au cours de la journée.
En voici un de Victor Hugo qui ne convient pas tout à fait mais dont les deux derniers vers me conviennent quant à eux tout à fait:

Puisque j'ai mis ma lèvre...

Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine;
Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli;
Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli;

Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire
Les mots où se répand le cœur mystérieux;
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux;

Puisque j'ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours;
Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours;

Je puis maintenant dire aux rapides années :
- Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir!
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées;
J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir!

Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre!
Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli!

P.S. Une visiteuse et amie a l'amabilité de me suggérer un poème de Rimbaud («Trois Baisers») pour accompagner l'affiche. Lisez-le dans le commentaire ci-dessous.

2 commentaires:

orfeenix a dit…

Trois baisers
Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malignement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

- Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner comme un sourire
À son sein blanc, - mouche au rosier !

- Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.

Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : "Veux-tu finir !"
- La première audace permise,
Elle feignait de me punir !

- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
- Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : "Ah ! c'est encor mieux !

Monsieur, j'ai deux mots à te dire..."
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser. - Elle eut un rire,
Un bon rire qui voulait bien...

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malignement, tout près, tout près.

Arthur Rimbaud

Jack a dit…

Merci. Je vais signaler votre suggestion dans le billet.

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