mercredi 20 avril 2011

La Rose

Cette rose dont c'est aujourd'hui le jour selon le calendrier révolutionnaire français (voir billet suivant, qui sera publié bientôt) appartenait à un rosier que nous avons eu 20 ans dans notre jardin.
Notre voisin, feu M. Jules Ouellet, n'en revenait pas de sa fécondité et du peu de soins qu'il exigeait (heureusement pour moi, qui n'avais pas un naturel de jardinier), lui qui faisait tout pousser dans son jardin, fruits, légumes, fleurs et arbres.
Tout à l'exception d'un rosier comme le nôtre.
C'était un rosier qu'on nous avait vendu sous le nom de «rosier Reine Élizabeth» et que l'on connaît sans doute dans le monde sous le nom de «Queen Elixabeth Rosebush» ou «
Queen Elixabeth Rose» (au Québec on ne vend pas grand-chose si ce n'est pas en français).
Ce jour et ce souvenir de toutes nos roses roses me donnent l'occasion de vous présenter un des premiers poèmes de Ronsard que j'ai connus grâce à mon professeur de littérature, feu Sauveur Laberge (j'en ai parlé brièvement ici).
Ronsard que l'on pourrait appeler «le poète des roses».

Comme on voit...

Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose:

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur:
Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose:

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.

2 commentaires:

orfeenix a dit…

Avec demain dès l' aube, je le place au sommet des plus beaux poèmes de deuil ,quelle pudeur!

Jack a dit…

Le vers
«La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes»

est (selon moi) le plus beau vers grec en français qui existe.
Plus beau que les plus beaux de Racine même.

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