lundi 28 février 2011

Que d'humains n'ont pas eu ce suprême destin !

Vous voyez à gauche l'« œil » de cette appareil photo indiscret qui veut « capturer » une image de la figurine représentant José-Marie de Hérédia au Musée Carnavalet à Paris?
C'est l'« œil » de mon appareil.
Et le mien.
C'est à la vue de ces figurines représentant des poètes -qui nous apparaissent maintenant comme mineurs- que l'on peut prendre conscience du prestige de la poésie -et, singulièrement, des Parnassiens -à la fin du 19e siècle et au début du 20e.
Prestige un peu terni aujourd'hui, excepté peut-être chez vous et chez moi.
Restent des Parnassiens, et de Hérédia, quelques poèmes connus seulement de vous et moi -comme cette épigramme funéraire d'une sauterelle- qui rappellent les bucoliques et autres poésies pastorales grecques et latines dont presque personne ne se souviendra plus bientôt, les béotiens et autres barbares ayant réussi à faire croire en l'inutilité de leur connaissance (comme en celle de la poésie):


Épigramme funéraire

Ici gît, Étranger, la verte sauterelle
Que durant deux saisons nourrit la jeune Hellé,
Et dont l'aile vibrant sous le pied dentelé
Bruissait dans le pin, le cytise ou l'airelle.

Elle s'est tue, hélas! la lyre naturelle,
La muse des guérets, des sillons et du blé ;
De peur que son léger sommeil ne soit troublé,
Ah! passe vite, ami, ne pèse point sur elle.

C'est là. Blanche, au milieu d'une touffe de thym,
Sa pierre funéraire est fraîchement posée.
Que d'hommes n'ont pas eu ce suprême destin!

Des larmes d'un enfant sa tombe est arrosée,
Et l'Aurore pieuse y fait chaque matin
Une libation de gouttes de rosée.


Cette sauterelle est sans doute la touchante métaphore de la poésie, de la littérature, et de ce que nous aimons.

2 commentaires:

orfeenix a dit…

Herédia et son vol de gerfauts! Je me souviens d' un de vos anciens billets qui célébrait" les étoiles nouvelles.."Une épitaphe parnassienne qui me touche est celle du tombeau d' Edgar Poe:"tel qu' en lui même enfin ,l'éternité le change.."

Jack a dit…

Effectivement Mallarmé se considérait sans doute encore comme parnassien à cette époque du «Tombeau d'Edgar Poe».
Moi j'aime particulièrement le vers

«Donner un sens plus pur aux mots de la tribu»

qui me semble définir la «mission» de la poésie.

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