dimanche 16 janvier 2011

La prise et la perte de pouvoir

Ces dictateurs (ci-haut Ben Ali, le récemment renversé tunisien, et Ceausescu, le renversé roumain des années quatre-vingt, ils représentent tous leurs collègues), leurs carrières semblent toutes avoir une forme similaire.
D'abord ils renversent quelqu'un qui s'accroche, dictateur chronique et/ou effroyablement cruel et qui distribue toutes les richesses du pays à sa famille ou à ses deux familles s'il en a deux.
Ils prétendent ainsi restaurer la démocratie qui avait été confisquée.
Puis, peu à peu, ils mettent en place le même système que le précédent renversé, en prenant des précautions supplémentaires pour ne pas être renversés à leur tour, tortures, emprisonnements, exils, assassinats, peurs.
Puis ils distribuent les richesses du pays à leur famille ou à leurs deux familles s'ils en ont deux (parfois ils en ont trois comme le renversé
Ben Ali, et ça aurait pu être pire car, comme musulman, il avait droit à quatre belles-familles plus sa famille personnelle).
Puis peu à peu, dans certaines circonstances (crise économique, scandale, révolution politique dans d'autres pays, que sais-je?) le peuple se soulève, les renverse et les tue s'il en a la chance, ou le dictateur s'enfuit, accueilli par d'autres copains dictateurs (ou rois, ou émirs, même farine), non sans que leur «Securitate» ou leur milice ou leur police, toujours politique, parfois leur armée, ne résiste et ne fasse des morts pour se venger de la perte du pouvoir et de la fuite (ou la mort) de la source de leurs richesses.
Et le cycle recommence?
Peut-être ces formes anciennes de prise du pouvoir encore visibles, et doublement à notre époque médiatique, nous permettent-elles de remonter dans le passé et d'expérimenter in vivo la manière dont le pouvoir se prenait historiquement dans les monarchies (dictatures familiales à long terme), les empires (aussi bien romains que les autres, chinois, japonais par exemple), les églises (la prise de pouvoir des papes et de leur familles dans l'église catholique par exemple), les organisations mafieuses (comme on le voit actuellement au Québec).
Peut-être ces formes anciennes et «crues» de prise de pouvoir nous révèlent-elles ce qui se passe de manière plus feutrée, plus secrète, dans les prises de pouvoir «démocratiques» quand un président ou un premier ministre est élu et établit sa «famille», délogeant la «famille» du président ou du premier ministre défait.
Ou les prises de pouvoir dans une quelconque institution ou entreprise ou industrie ou administration (municipale par exemple, vous en avez sans doute des exemples près de chez vous).

La différence étant qu'il y a, dans ces prises de pouvoir-là ou dans les prises de pouvoirs «démocratiques», moins de sang répandu, mais autant de larmes sans doute, et autant de vols et d'appropriations indélicates, autant de cruautés.

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