vendredi 8 octobre 2010

Le « pieuvre » du français de Guernesey

Je suis de retour d'un bref (mais intense et fatigant) séjour à Paris (la grand'ville), et je dois « digérer » tout ce que j'en rapporte intellectuellement avant de vous en parler.
Je reprends donc la série de mes billets avec un sujet dont j'avais commencé à parler avant mon départ (ici) : la pieuvre.
Ou plutôt le mot «pieuvre».
C'est que ce mot illustre le pouvoir de la littérature, qui est de créer la langue.
Créer »: non pas faire quelque chose de rien, mais faire quelque chose à partir d'éléments préexistants)
C'est au livre dont vous voyez la page couverture ci-dessus -« Les Travailleurs de la mer » de Victor Hugo- que l'on doit l'introduction du terme «pieuvre» dans la langue que vous et moi parlons et écrivons et dans au moins une autre (l'italien qui a le terme « piovra » mais je ne sais pas s'il y est aussi communément utilisé qu'en français, à la place du mot «poulpe»).
Hugo l'a emprunté au vocabulaire du guernesiais, le français normand de l'île de Guernesey où, exilé, il résidait alors, et l'a donné au français universel.
Avec les autres français des îles jadis normandes de la Manche, le guernesiais existe encore et est encore prêt, comme ses frères, à enrichir le fleuve immense du français, pour peu qu'un écrivain lui demande.
Et que nous l'écoutions.
Voici comment les visiteurs de l'Île y sont accueillis: la première salutation est dans la langue que parlaient les ducs conquérants de Normandie et qui auraient dû se méfier des nourrices anglo-saxonnes auxquelles ils confiaient leurs enfants en Angleterre, lesquelles ont transformé ceux-ci en ce que vous voyez comme monarques (et seigneurs) anglais.

(Des Normands mal élevés!)

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