samedi 3 juillet 2010

Manants et chevaliers

Ce n'est pas pour rien que ce ballon prend la forme de la Terre.
Même l'Amérique du Nord anglo-saxonne vibre au même rythme que le reste du monde ces jours-ci.
Mais un commentaire sur Facebook m'a permis d'établir un lien entre les causes des défaites auxquelles on a pu assister lors du Mondial actuel d'Afrique du Sud et les causes de certaines défaites médiévales françaises lors de la Guerre de Cent ans.
Voici la remarque (de Matthieu Balay):


Il semblerait que j'ai été le seul à croire vraiment que l'Allemagne et les Pays-bas pouvaient battre leurs adversaires ce tour-ci. Le collectif est une qualité sous-évaluée de nos jours. ;)

La défaite française d'Azincourt, par exemple, où l'armée des chevaliers vedettes français fut défaite par une armée anglaise inférieure en nombre et composée d'anonymes.
C'est que chaque chevalier français -champion de tournoi et convaincu de vaincre à lui seul une armée de manants- allait à l'ennemi pour son propre compte, sans se préoccuper de ses compagnons d'armes, ni de stratégie -comme s'il s'agissait d'un jeu-, alors que l'armée anglaise, composée d'inconnus, des manants mais parfaitement entraînés, était unie, et les archers anglais tiraient leurs flèches professionnellement et selon un plan arrêté d'avance.
Les Français combattaient comme des individus et les Anglais comme une équipe, sacrifiant leur individualité au profit de l'ensemble.
Voici ce que dit l'article de Wikipédia consacré à la Bataille d'Azincourt (on y parle aussi des autres défaites française de la Guerre de Cent ans):

La débâcle de la chevalerie française d'Azincourt, qui fait suite à celles de Crécy, de Poitiers et de Nicopolis, prive momentanément la France de cadres administratifs et militaires en grand nombre du fait des nombreux tués chez les baillis et les sénéchaux du roi. Elle met également en évidence la conception dépassée que se font de la guerre les armées françaises en particulier une partie de la chevalerie, alors qu'Anglais et Ottomans ont déjà organisé des armées unies et disciplinées: les Français, supérieurs en nombre, mais incapables d'obéir à un chef unique et placés dans l'impossibilité de faire manœuvrer les chevaux, comme à la bataille de Poitiers, soixante ans auparavant, auraient eu intérêt à négocier avec Henri V, qui avait abandonné son rêve de revendiquer la couronne de France.

Cette bataille marqua un tournant dans l'art de la guerre en Europe : des armées plus maniables et plus articulées, (comme l'était déjà celle d'Édouard III et préfigurait le déroulement des batailles dès la fin du XIVe siècle) défont des masses hétéroclites pleines d'inutile bravoure.

Les équipes qui sont éliminées dans le Mondial actuel ne vous semblent-elles pas agir comme les armées de chevaliers français de la Guerre de Cent ans?
Et celles qui sont encore là -et qui seront peut-être finalistes- l'équipe allemande et l'équipe néerlandaise, ne vous semblent-elles pas jouer comme combattait l'armée médiévale anglaise?


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