mardi 13 juillet 2010

La mort de Verlaine

Lors de mon dernier séjour à Québec j'ai acheté à la Librairie Renaud-Bray de Place Laurier ce petit livre sur Paul Verlaine dont vous voyez la couverture.
J'ai une relation particulière à Verlaine.
D'abord parce que mon maître, le Père Louis Morice, a fait sa thèse sur le poète (surtout sur l'auteur de «Sagesse», le titre en est «Le drame religieux de Verlaine»).
Ensuite parce que j'ai donné au moins deux cours sur lui comme la description originelle de mon poste de littérature m'y engageait.
Ce petit livre présente des documents iconographiques que je ne connaissais pas.
Je vais vous en présenter deux aujourd'hui (d'autres plus tard).
Il s'agit d'un dessin et d'une photo de
Verlaine sur son lit de mort.
Et un extrait de poème, parmi les derniers qu'il a écrit, lequel n'est que minimalement «verlainien» mais qui témoigne des pensées du poète peu avant sa mort.
Voici un dessin de Frédéric-Auguste Cazals, daté du 8 janvier 1896 (date de la mort de Verlaine):

Et voici une photo prise le même jour par Alfred Valette, le mari de Rachilde qui avait recueilli le poète chez elle entre deux des séjours de celui-ci à l'hôpital:

Cette habitude de prendre des photos ou de faire des dessins des gens sur leur lit de mort je l'ai connue dans ma jeunesse. Je ne sais pas si elle existe encore quelque part mais elle n'existe pas dans mon entourage.
Voici le poème:

Le poète a fini sa tâche, l'homme non.
L'un se repaît du bruit fait autour de son nom,
Il compte ses succès sincères ou factices
Depuis l'humble début et les chastes prémices
Jusqu'à ses derniers vers qu'il sent bien fatigués.
Le temps n'est plus des madrigaux jolis et gais,
De l'élégie au tour voluptueux et tendre,
De l'ode au vol vainqueur, du sonnet qu'à l'entendre
(Le poète) on eût cru du Pétrarque mais mieux.
Il voudrait, et de bonne foi, se faisant vieux,
Que tout fût dit pour lui sans plus pousser sa gloire,
S'en fiant là-dessus à l'humaine Mémoire.
C'est un cœur, un esprit, une âme retraités,
Soignant à loisir ses deux immortalités,
Peu soucieux pourtant, quelque ardeur qui l'allume
Quant à son âme encor, de celle de sa plume.
Pour l'homme, - le poète à part et lyre et luth
Bien écartés, - mal occupé de son «salut»,
Peut-être autant que ce poète l'est lui-même,
Son rôle n'est joué qu'à demi, le problème
De sa vie, il ne l'a résolu que si peu
Qu'il n'est pas sûr de quoi que ce soit devant Dieu.
(...)

Le Livre posthume

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