dimanche 6 juin 2010

La véritable vérité -la vérité scientifique

Dans ce numéro de «Science et vie» de mai 2010, dont le thème qui fait la manchette, «Intelligence de la nature», est extrêmement intéressant, il y a cette interview de Patrick Couvreur, professeur de pharmacotechnie à l'Université de Paris-Sud, à qui on pose les trois questions habituelles: «Qu'est-ce qui vous a déjà fait changer d'avis?», «De quoi êtes-vous sûr sans qu'il soit possible de le démontrer?» et «Qu'est-ce qui est important et dont on ne parle jamais?».
Dans cette page:


À la troisième question, «Qu'est-ce qui est important et dont on ne parle jamais?», le professeur Couvreur répond quelque chose qui permet de décrire le fonctionnement de la vérité scientifique, dont Lawrence McKinley Gould disait:«
La vérité scientifique est dynamique. Elle naît de l'erreur et n'est jamais définitive».
La vérité scientifique, -la seule vérité-, n'est pas «éternelle» comme ce qu'on appelle la «vérité religieuse» qui n'est pas, quant à elle, une «vérité» si elle est éternelle puisque rien n'est éternel dans le monde où nous vivons et que ces dogmes qu'on nous présente comme des «vérités éternelles» ont changé et varié au cours des siècles, même si on a assassiné et brûlé sur le bûcher ceux qui doutaient d'elles à un moment donné et ont vu leurs doutes confirmés quand la «vérité éternelle» d'un moment a changé.
Voici ce que dit le professeur Couvreur, qui est un éloge de l'erreur et de ce qui ne fonctionne pas, qui est l'affirmation de l'utilité de l'erreur:

Ce sont les expériences qui ne marchent pas [qui sont importantes et dont on ne parle jamais]. Il n'y a pas un congrès où l'on présente ce qui n'a pas réussi! Pourtant, dans une carrière de chercheur, nombre de travaux ne donnent pas de bons résultats. On n'en est pas fier, et les journaux scientifiques les refusent, sans quoi ils seraient débordés d'articles décrivant des échecs expérimentaux. Mais je suis persuadé que s'il y avait une mémoire de ce qui n'a pas marché, la recherche avancerait plus vite. On saurait pourquoi certaines expériences ne marchent pas. Et on éviterait de les reconduire. Le fait qu'on ne s'intéresse qu'aux expériences qui marchent va de paire (sic) avec le fait qu'on exige des étudiants en thèse, qui contribuent très largement à l'activité des laboratoires, de publier un nombre minimum d'articles pour présenter leur thèse. Conséquence: on oriente les jeunes chercheurs vers des sujets sans risque pour être sûr de pouvoir publier un résultat positif. Mais c'est comme à la loterie. En ne prenant pas de risque, on a par conséquence peu de chance de tirer le gros lot: une découverte importante est souvent issue de sujets difficiles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire