Un bâillement délinquant

Crédit photo : A. NATRUSKIN/REUTERS

Cette photographie me fait ressentir une sorte de bonheur ce matin.
Non que j'aime particulièrement les défilés militaires.
Ou les soldats, surtout lorsque ce sont des soldats russes.
Voir tous ces humains agir de concert avec une précision mécanique m'a toujours plongé dans une grande hébétude.
Cette photo au contraire me tire de mon hébétude matinale.
Je vois que les tentatives d'uniformisation et de mécanisation des humains échoueront toujours, que la nature est plus forte que n'importe quelle culture, militaire ou autre.
Voyez le bâillement de ce soldat au centre: il rompt l'unité, il attire l'attention sur les différences plutôt que sur l'uniformité.
Grâce à lui on voit les visages plutôt que les costumes, plutôt que les uniformes.
Les visages ont beau, pour leur part, essayer d'être le plus possible uniformes ils n'y réussissent pas.
Regardez-les un à un: il y a des sourires, il y a des yeux fermés, des yeux ouverts, etc.
On voit que les armées devront recourir à des robots plutôt qu'à des humains pour atteindre l'objectif qui est le leur de toute éternité.
Pas seulement les armées, mais les partis, les églises, les religions, les entreprises (de type japonais par exemple), les mouvements sociaux aussi.
Il y aura toujours des délinquants, des hérétiques, des traîtres, des déserteurs, des renégats, des judas, des parjures, des transfuges.
Ils sont le sel de la terre.
Malgré eux très souvent.