vendredi 23 avril 2010

Fière Vashti, soumise Esther

Crédit photo: Matteo de Fina/Presse

Cette photo fait partie d'un diaporama du Figaro.fr intitulé «La Renaissance de Venise» (ici).
Une restauratrice retouche le premier tableau de Paul Véronèse consacré au «Livre d'Esther», un des livres faisant partie de la Bible.
(Tableaux de l'église San Sebastiano à Venise).
Ce tableau représente la répudiation de Vashti, la femme du roi Assuérus (prononciation araméenne sans doute de Xerxès), répudiation qui va avoir lieu dans les circonstances que Wikipédia rapporte ainsi (dans l'article sur le «Livre d'Esther»):

En sa troisième année de règne, le roi [Assuérus] organise en sa capitale, Suse, une fête de 180 jours pour les grands personnages de l'empire et un immense festin de sept jours pour le peuple. Le septième jour, il ordonne à ses sept eunuques d'aller quérir la reine Vashti afin que tous voient sa beauté. Devant le refus de celle-ci de se présenter devant le roi et ses convives, il demande l'avis de ses sept sages, grands officiers perses et mèdes. Ceux-ci jugent le comportement de la reine comme une atteinte faite à tous les maris du royaume. Ils conseillent au roi de faire publier dans tout le royaume une ordonnance signifiant le retrait de son titre royal.

Vashti est répudiée pour avoir refusé d'être un simple ornement de la cour du roi des rois perse et une sorte de bijou personnel de ce roi des rois. Et pour avoir eu un comportement portant «atteinte [...] à tous les maris du royaume».
C'est ainsi que la secrètement juive Esther va la remplacer qui, elle, saura se montrer obéissante, et soumise, et pourtant (ou, par conséquent, étant une femme obéissante?) judicieuse.
On se demande parfois d'où provient le sexisme anti-féminin des religions originaires de la Bible (islam, christianisme): on en a un exemple ici.

La femme qui ne veut pas être un objet est répudiée avec raison, semble dire le texte.
Et la leçon biblique (le «livre d'Esther» est un roman tant il y a d'invraisemblances historiques) est indéfiniment reprise par les peintres, et par les plus grands d'entre eux, comme
Véronèse ici, pour en marteler la tête et les yeux de tous les fidèles.
C'est le message de Dieu cette infériorité, ce rôle de soumission et d'obéissance de la femme, n'est-ce pas?, puisque c'est parole biblique.
Vashti est une héroïne.
Pas Esther. Du moins pas pour avoir été soumise.
On voit à quoi les religions ont fait servir l'art.
Et la Bible n'a rien de divin, c'est une littérature nationale.
Où s'expriment des états de société ou des désirs humains, seulement humains, trop humains.

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