samedi 13 mars 2010

L'«Amort», «Carmen», Garanča

Elīna Garanča -la bellissima- que j'aurais préféré
vous présenter en brune mais aucune
photo d'elle en brune vraiment satisfaisante
sur la Toile
.
Censure?

Excepté celle-ci peut-être

C'est le jour de la mort de Jean Ferrat (né Tenenbaum et fils d'un Juif originaire de Russie gazé à Auschwitz) et on lui doit tant d'avoir pu connaître tôt dans notre vie les martyrs des Nazis («Nuit et Brouillard») et les poèmes de Louis AragonQue ferais-je sans toi», «Aimer à perdre la raison») que je vais profiter de sa mort pour vous présenter tous ces poèmes que j'aime, quel meilleur prétexte que la mort!
Mais demain.
Car aujourd'hui je suis allé voir la deuxième projection de la «Carmen» de Bizet du Metropolitan Opera et c'est la mort de Bizet, par l'éloge de «Carmen», que je dois déplorer maintenant.
(Car, vous ne l'ignorez pas, Bizet était bipolaire et s'est suicidé comme mon ami l'année dernière, et de quel bois magnifique il aurait chauffé Wagner (et quels ennuis il nous aurait évités) s'il avait vécu!).
L'éloge de «Carmen»? Pas vraiment.
Quelques mots sur «Carmen», avec trois arias, qui tiendront lieu d'éloge.
J'avais comme senti à Séville une réticence des Sévillans et Sévillanes à propos de «Carmen» qui attire pourtant tant de visiteurs dans leur ville.
Je l'avais mis sur le compte d'une certaine jalousie qu'un Français (ou deux puisqu'il faut penser aussi à Prosper Mérimée, l'auteur de l'histoire de «Carmen
») ait saisi l'essence de leur ville.
Ou qu'il ait mis en scène des Gitans plutôt que des Andalous.
Mais j'ai saisi aujourd'hui que, sous des noms espagnols, la musique de Bizet était provençale: ces tambourins, ces sistres, ces clochettes, c'est la Provence et pas vraiment (un peu tout de même), disons pas seulement, l'Andalousie, ni l'Espagne.
Et puis j'ai saisi que l'amour dont l'opéra parle, cet «
enfant de Bohème», c'est l'amour tragique. Pas seulement romantique, l'amour tragique, celui de Racine aussi, celui des tragédies classiques: c'est l'amour qui vous tombe dessus et que l'on subit, pas l'amour que l'on ressent.
C'est l'amour-malheur, l'amour qui nous fait tuer la personne qu'on aime si elle ne nous aime plus ou pas, et l'amour qui nous conduit à abandonner celui ou celle que l'on n'aime plus.
C'est la passion.
L'amour intransformable. L'amour que l'on pourrait appeler «l'
amort» (non, regardez bien ce n'est pas en espagnol et le «t» à la fin du mot est délibéré).
Outre cela, j'ai appris de la représentation d'aujourd'hui qu'Elīna Garanča est la plus belle et la meilleure interprète de Carmen que l'on puisse voir et entendre.
Ah! qu'elle est belle!
Voyez-la dans trois arias de «Carmen» (en deux vidéos) lors d'un récital donné à Baden-Baden en 2008: «
L'air des Gitans», la «Habanera» et la «Séguédille». Les paroles suivent.

«L'Air des Gitans»:



«Habanera» et «Séguédille»:

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Voici les paroles des arias:

L'Air des Gitans

Les tringles des sistres tintaient
avec un éclat métallique,
et sur cette étrange musique
les zingarellas se levaient.
Tambours de basque allaient leur train,
et les guitares forcenées
grinçaient sous des mains obstinées,
même chanson, même refrain,
Tra la la la

Les anneaux de cuivre et d'argent

reluisaient sur les peaux bistrées;
d'orange ou de rouge zébrées
les étoffes flottaient au vent.
La danse au chant se mariait,
d'abord indécise et timide,
plus vive ensuite et plus rapide..
cela montait, montait, montait, montait!
Tra la la la

Les Bohémiens, à tour de bras,

de leurs instruments faisaient rage,
et cet éblouissant tapage
ensorcelait les zingaras.
Sous le rhythme de la chanson,
ardentes, folles, enfiévrées,
elles se laissaient, enivrées,
emporter par le tourbillon!
Tra la la la

La «Habanera»

L'amour est un oiseau rebelle

Que nul ne peut apprivoiser
Et c'est bien en vain qu'on l'appelle
C'est lui qu'on vient de nous refuser
Rien n'y fait, menaces ou prières
L'un parle bien, l'autre se tait
Et c'est l'autre que je préfère
Il n'a rien dit mais il me plaît
L'amour, l'amour, l'amour, l'amour

L'amour est enfant de Bohème

Il n'a jamais jamais connu de lois
Si tu ne m'aimes pas je t'aime
Si je t'aime prends garde a toi
Si tu ne m'aimes pas
Si tu ne m'aimes pas je t'aime
Mais si je t'aime, si je t'aime
Prends garde a toi

L'oiseau que tu croyais surprendre

Battit de l'aile et s'envola
L'amour est loin, tu peux l'attendre
Tu ne l'attends plus, il est là
Tout autour de toi, vite, vite
Il vient, s'en va puis il revient
Tu crois le tenir, il t'évite
Tu crois l'éviter, il te tient
L'amour, l'amour, l'amour, l'amour

L'amour est enfant de Bohème


Il n'a jamais jamais connu de lois

Si tu ne m'aimes pas je t'aime 

Si je t'aime prends garde à toi 

Si tu ne m'aimes pas 

Si tu ne m'aimes pas je t'aime 

Mais si je t'aime, si je t'aime 

Prends garde à toi

La Séguédille

Près des remparts de Séville
Chez mon ami Lillas Pastia
J'irai danser la Séguédille
Et boire du Manzanilla.
J'irai chez mon ami Lillas Pastia.
Oui, mais toute seule on s'ennuie,
Et les vrais plaisirs sont à deux,
Donc, pour me tenir compagnie,
J'emmènerai mon amoureux.
Mon amoureux... il est au diable,
Je l'ai mis à la porte hier.
Mon pauvre cœur très consolable,
Mon cœur est libre comme l'air.
J ai des galants à la douzaine,
Mais ils ne sont pas à mon gré
Voici la fin de la semaine,
Qui veut m'aimer? je l'aimerai!
Qui veut mon âme? elle est à prendre.
Vous arrivez au bon moment;
Je n'ai guère le temps d'attendre,
Car avec mon nouvel amant,
Près des remparts de Séville
Chez mon ami Lillas Pastia,
Nous danserons la Séguédille
Et boirons du Manzanilla
Tra la la la la la la la la
Tra la la la la la la la la

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