dimanche 28 février 2010

Des esprits frères

C'est à nouveau le 28 février, jour de la naissance de Michel de Montaigne, que j'ai déjà souligné l'an dernier (ici) et que je soulignerai chaque année.
Cette année la commémoration s'étendra sur plusieurs jours, car ce que je veux vous présenter dans ce cadre est un peu long à faire et je ne peux pas le faire en une seule journée et pas aujourd'hui vraiment.
Ce que je vais faire aujourd'hui c'est vous présenter une confidence de Montaigne, qui apparaît dans ses «Essais», et qui révèle son inextinguible chagrin d'avoir perdu son ami, Étienne de la Boétie, en qui il avait rencontré un esprit frère que nul ne rencontre jamais véritablement et dont il n'a pu jouir de l'amitié que quatre ans.
Voici ce qu'il écrit du reste de sa vie que, pourtant, dans ses «Essais», il consacrera à édifier le tombeau littéraire de son ami, le plus grandiose monument qu'un vivant a consacré à un mort aimé et irremplaçable dans toute l'histoire:

Si je compare le reste de ma vie toute aux quatre années qu'il m'a été donné de jouir de la douce compagnie et société de ce personnage, ce n'est que fumée, ce n'est qu'une nuit obscure et ennuyeuse (...). Je ne fais que traîner languissant.

Et voici une citation du Discours de la servitude volontaire de la Boétie, où celui-ci établit bien qu'il n'y a pas de différence entre les tyrannies d'un monarque, d'un dictateur et d'un premier ministre ou d'un président élu, et que tous les trois règnent sur nous à cause de notre seule veulerie :
« Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race [...].(S)'ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d'esclaves qui leur appartient par nature. »

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