mercredi 30 septembre 2009

Température du 30 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Un paradis lointain

Devant cette photo d'une petite rue de Venise bien anonyme (du moins pour moi; la photo est empruntée ici) je suis pris d'une envie folle de m'y trouver immédiatement avec ces gens.
Bien sûr il existe de ces petites rues partout dans les anciennes villes d'Europe qui sont comme des corridors tracés dehors, des passages à ciel ouvert, mais à Venise, pas de bruits de moteurs (d'autant plus que les canaux ne sont pas près : pas de vaporetti et de ces choses qui empestent le pétrole) et la perspective de ne jamais rencontrer de voitures.
Ah! le bonheur !
S'il n'y avait pas d'avion à prendre pour y être, une autre de ces choses qui empestent le pétrole et qui ressemblent en plus à des boîtes de sardines remplies à ras bord de gens malpolis qui sont vos voisins trop voisins et qui sont le personnel excédé par d'incessants aller-retour.
Que d'obstacles séparent un Nord-américain du paradis !

Le chaos et le bleu

En tapant le pointeur «chaos» dans Tag Galaxy (vous voyez un peu la relation avec la note précédente), voici la galaxie de pointeurs à laquelle on aboutit: quelle relation entre «chaos» et «abstrait», ou «art» ou «lumière» ou «ville» et «rue» et «urbain» et «traffic»?
Et quelle est la relation de «chaos» avec «bleu»?
Des abîmes de réflexions s'ouvrent devant notre esprit, ne croyez-vous pas?
Y tomberons-nous?
L'idéologie présente dans l'«apparentement» de ces termes, à qui appartient-elle?
Et voici la sphère que produit l'union des pointeurs «chaos» et «abstrait»:

Pur art?

Du Jeu à l'Histoire?

(Photo empruntée à Wikisource)

Dans un article du magazine électronique Slate consacré aux maîtres russes des échecs (ici), un commentaire d'une lectrice:

[...] les échecs ont toujours été un reflet ou même souvent un précurseur du mouvement des idées, je ne citerai que l'exemple de Philidor qui « invente » l'importance des pions « les pions sont l'âme des échecs ».
Jusque-là seules les pièces nobles comptaient, mais au milieu du XVIIIème siècle, les choses changent, Philidor découvre la force des pions qui prennent désormais le pas sur les pièces et ne peuvent plus simplement servir de « chair à canon » sans importance. On peut y voir un précurseur de la Révolution.

Est-ce une variante de l'« effet papillon » dont parle la « Théorie du chaos »
Ou l'application à la politique de la symptomatologie ?
Ou la découverte d'une « mise en abyme » prémonitoire ?
Si nous observons ce qui se joue dans les casinos (ou, mieux encore, sur nos écrans d'ordinateurs et de nos consoles de jeu) à l'heure actuelle, pourrons-nous en déduire l'avenir de nos sociétés ?

Voire, avoir la révélation de leur présent ?

mardi 29 septembre 2009

Température du 29 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Mauvaise mémoire=bonheur

Je crois même que la mauvaise mémoire seule suffirait, docteur Schweitzer.

Idées de paradis

Une simple photo, prise d'un point de vue (pour moi) nouveau, m'a fait prendre conscience que le Taj Mahal était construit près de l'eau, près d'une rivière plus précisément, et non, comme je le croyais, au milieu d'un jardin à la Versailles (château construit, je vous le rappelle, dans le même siècle que le Taj Mahal, c'était le siècle des bâtiments prestigieux, il faut croire, que ce 17e siècle).
(Il y avait bien un jardin, un «paradis» en persan mais Lord Curzon, le vice-roi anglais, a cru bon de détruire ce paradis pour le remplacer par du gazon anglais).
Les Anglais ont une idée bien étrange du paradis.
Je dirai que pour ma part je déteste les gazons.

Un Symbole approprié

Ces aigles chauves (leur nom véritable est « pygargue ») se disputent un poisson et sont si acharnés dans leur dispute qu'ils se sont presque écrasés au sol avant de la terminer, au profit au plus téméraire d'entre eux.
Cet aigle est le symbole animal des États-Unis malgré les objections de Benjamin Franklin.
Car cet aigle n'en est pas un, c'est plutôt un rapace qui se nourrit de poissons et aussi de détritus parfois, ou de charognes (proies déjà tuées par d'autres espèces, par le balbuzard notamment), un peu comme les
hyènes ou les chacals. Franklin ne le trouvait pas « moral » et plutôt paresseux (il profitait du travail des autres pour se nourrir). Il ne lui trouvait pas les qualités qu'il aurait voulues à ses compatriotes.
À ce pygargue, il préférait le dindon comme symbole des États-Unis.
Si je considère l'histoire des États-Unis et les moyens (et l'idéologie) qu'ils ont utilisés pour acquérir leur puissance, leur domination et leur richesse (les génocides amérindiens, l'exploitation capitaliste outrancière, criminelle, des ouvriers et des immigrants, les guerres coloniales, etc.), je trouve pour ma part que Benjamin Franklin se faisait des illusions à propos de ses compatriotes et qu'il avait tort en ce qui concerne le symbole des États-Unis : le pygargue (ou « aigle à tête chauve » qui n'est pas un aigle) leur convient parfaitement.
Surtout si l'on considère les arguments utilisés par les opposants (jusqu'à aujourd'hui) contre le système d'assurance maladie préconisé naguère par Barack Obama.
Comme charognards...
(Ou peut-être devrais-je utiliser le mot « charognes » : les charognards ce sont plutôt les républicains et les compagnies d'assurances étasuniennes).
(Sujet (mais pas les réflexions) emprunté à Zigonet, ici).

P. S. Le pygargue pourrait d'ailleurs être le symbole de tous les pays charognards, Russie, Chine, Angleterre, etc.

Les ancêtres des phylactères

Le hasard a voulu que deux illustrations de légendes évangéliques paraissent dans la colonne de droite de ce blogue hier.
Les sujets ne sont pas étonnants: 90% de l'art pictural occidental et oriental jusqu'au 20e siècle ont consisté à illustrer des légendes religieuses et à donner un visage magnifié aux principaux acteurs (dieux, mères divines, prophètes, femmes, filles et gendres de prophètes, saints et saintes, anges et archanges, etc.) des religions.
Les 10% restants servant pour leur part à magnifier empereurs, rois, nobles et dirigeants.
Les sujets des deux images ci-dessus, particulièrement le premier sujet, ont été pour leur part traités des centaines de fois: il s'agit de l'Annonciation et de la marche de Jésus sur les eaux (le futur saint Pierre y participe aussi, mais sa foi n'étant pas suffisante, il ne réussira pas).
L'une des images (elle date du 15e siècle) illustre un timbre français de 1970, l'autre est une enluminure d'un manuscrit arménien (je ne sais pas sa date de création).
Ce qui m'y intéresse particulièrement c'est la manière de faire parler les personnages qui y apparaissent.
Dans l'Annonciation une sorte de banderole semble se dérouler à partir de la main de l'ange et sur cette banderole on peut lire des mots (en latin) de l'Ave Maria, qui sont, en effet, selon la légende, les mots que l'Ange aurait adressés à Marie, la future «mère de Dieu».
Dans le manuscrit arménien les paroles des personnages sont représentées par des lignes d'écriture que j'imagine manuscrite (mais je ne connais pas l'arménien: cette écriture est peut-être imprimée).
Cette bande de papier, ces lignes d'écriture sont les ancêtres des phylactères (ou bulles) des bandes dessinées.
Hautes origines, n'est-ce pas?

lundi 28 septembre 2009

Température du 28 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Sur le décès de Ghislain Bouchard

Deux liens qui vous conduisent à des notes (ou billets) qui parlent du décès du pionnier culturel Ghislain Bouchard.
Le lien vers le blogue de Dario Larouche (Les clapotis d'un Yoyo II), (Une région en deuil).

Et le lien vers le blogue de Denise Pelletier (Spécial du jour), (Un bâtisseur nous quitte).


Asservissement?


C'est une œuvre (photographiée à deux points de vue) de Salvador Dali dans son étonnant musée de Figueres: ce qu'on pourrait appeler la «salle Mae West» car, avec divers éléments disparates (canapé en formes de lèvres, foyer à deux feux en forme de nez, tableaux en guise d'yeux, rideaux en forme de cheveux, etc.), Dali y a reproduit à peu près le visage de l'actrice «art déco» (elle est pour moi reliée aux années trente où ce style a atteint son apogée).
C'est d'elle que je veux parler, non de Dali et de son musée.
Du moins c'est à partir d'elle (et de l'une des ses réflexions) que je veux rédiger cette note.
J'ai déjà cité des réflexions de Mae West -qui sont toujours un peu cyniques, mais toujours aussi véridiques et drôles.
Et qui font très souvent réfléchir.
J'ai une de ces réflexions à vous présenter aujourd'hui, qui me donne à penser, à moi, blogueur.
Dans un sens qui n'est pas celui auquel aurait pensé Mae West.

Voici la réflexion:

Je le dis toujours: tenez un journal intime et, un jour, c'est lui qui vous tiendra*.

Je pense que Mae West pensait à d'éventuels chantages et/ou procès que les confidences notées dans ce journal intime lui auraient éventuellement amenés si elle s'était laissé aller à en tenir un.
Mais si je considère ce «journal intime» comme la métaphore d'un blogue, je peux donner un autre sens à cette réflexion: un blogueur est tenu par son blogue car il doit le tenir, le blogue n'est là que pour cela, être tenu.
S'il ne l'est pas, il ne sert pas vraiment à ce à quoi il est censé servir.
Un blogue vous «tient» si vous en «tenez» un (et je ne parle pas d'éventuelles poursuites).

Une photo de Mae West qui permet d'apprécier
l'inventivité de
Dali. Même quand il représente
la réalité l'art invente.

Il y a sans doute aussi une certaine distance
entre cette photo et la personne réelle car
les photographes d'Hollywood sont eux aussi
des artistes mais dont l'inventivité est , disons,
un
peu bridée par les dictateurs de studio.


* En anglais: «I always say, keep a diary and someday it'll keep you».


Quais de métro

Ce qui étonne un Québécois (comme moi) qui entre pour la première fois dans une station de métro de Barcelone c'est l'exiguïté des quais (du moins dans les stations que j'ai fréquentées).
À Montréal (la seule ville québécoise hélas! suffisamment peuplée pour devoir bénéficier d'un métro), les quais donnent une impression de largeur et, je crois, sont effectivement plus larges que celui du métro de Barcelone que vous apercevez sur la photo ci-dessus).
(Je n'ai pas de photos de quais du métro de Montréal à l'heure actuelle mais j'en aurai bientôt car j'en rapporterai de mon prochain séjour, que je vous présenterai à mon retour)
Peut-être la fréquence des rames est-elle plus grande à Barcelone et les quais, par conséquent n'ont-ils pas à recevoir les foules de Montréal aux heures de pointe.
Ou peut-être le nombre de lignes étant plus grand à Barcelone, les passagers se distribuent-ils plus également entre les lignes et les stations.
Je ne sais.
Mais dans aucun autre métro (Paris, Toronto, Athènes, Madrid, etc.) je n'ai eu une telle impression d'exiguïté.

dimanche 27 septembre 2009

Température du 27 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Des photos de la plus belle ville d'Angleterre, Bath

Au premier plan les thermes, derrière à gauche
la cathédrale gothique et un bâtiment
néo-classique du 18e siècle à droite.

(Crédit photo/l'
Estro Armonico)

À voir, sur le blogue de
l'Estro Armonico, des photos magnifiques () de la plus belle ville d'Angleterre, la ville de Bath, qui doit son nom aux thermes romains les mieux conservés de l'ancien grand Empire, accompagnés des pierres blondes de la petite cathédrale gothique, du Royal Crescent plus loin, du pont qui rivalise avec le Ponte Vecchio de Florence, etc.

Paroles des dieux

Deux oiseaux grecs sur un fil.
Des oiseaux ordinaires (cela est peu probable en Grèce) ou des dieux anciens en visite incognito parmi les humains, qui jadis leur rendaient un culte et qui maintenant ne croient plus en eux?
Et quelles sont les paroles qu'ils semblent s'échanger ?
Des pépiements d'oiseaux ou de ces poèmes que se récitent les dieux pour passer l'éternité maintenant qu'on les a chassés du temps ?
Un poème* de Cavafis (qu'on transcrit parfois en Cavafy) ?



Απολείπειν ο θεός Aντώνιον
 

Σαν έξαφνα, ώρα μεσάνυχτ’, ακουσθεί
αόρατος θίασος να περνά
με μουσικές εξαίσιες, με φωνές—
την τύχη σου που ενδίδει πια, τα έργα σου
που απέτυχαν, τα σχέδια της ζωής σου
που βγήκαν όλα πλάνες, μη ανωφέλετα θρηνήσεις.
Σαν έτοιμος από καιρό, σα θαρραλέος,
αποχαιρέτα την, την Aλεξάνδρεια που φεύγει.
Προ πάντων να μη γελασθείς, μην πεις πως ήταν
ένα όνειρο, πως απατήθηκεν η ακοή σου·
μάταιες ελπίδες τέτοιες μην καταδεχθείς.
Σαν έτοιμος από καιρό, σα θαρραλέος,
σαν που ταιριάζει σε που αξιώθηκες μια τέτοια πόλι,
πλησίασε σταθερά προς το παράθυρο,
κι άκουσε με συγκίνησιν, αλλ’ όχι
με των δειλών τα παρακάλια και παράπονα,
ως τελευταία απόλαυσι τους ήχους,
τα εξαίσια όργανα του μυστικού θιάσου,
κι αποχαιρέτα την, την Aλεξάνδρεια που χάνεις.
 



Antoine abandonné par le dieu

Lorsque soudain à l'heure de minuit,
tu entendras passer la troupe invisible
dans un cortège d'exquises musiques et de voix -
ne te lamente pas en vain sur ton sort,
ton destin qui t'abandonne,
tous tes desseins qui partent en fumée.
Avec courage,
comme quelqu'un qui s'y attendait,
fait tes adieux à Alexandrie
qui s'éloigne de toi.
Surtout ne t'abuse pas, ne te dis pas
que ce n'est qu'un rêve
que tes oreilles se sont trompées ;
ne daigne point avoir tels vains espoirs.
Comme si tu t'y attendais depuis toujours,
avec le courage
de quelqu'un qui fut digne de cette ville,
approche-toi d'un pas ferme de la fenêtre
et écoute avec émotion,
sans te laisser aller aux invocations des lâches
- leurs lamentations ! -
écoute comme une ultime jouissance
les instruments exquis de la troupe secrète
et fait tes adieux à Alexandrie que tu perds.

 

Traduit par François Sammaripas

Qu'est-ce que la vérité?

Ces deux réflexions se complètent selon moi : la réflexion d'Orwell parle des conséquences politiques et sociales de la vérité : la société doit changer quand la vérité est connue et le changement sera radical car la vérité est révolutionnaire.
La réflexion d'Ionesco parle des conséquences de la vérité pour l'individu qui la profère, le danger que cette profération lui fait encourir.
Et elle dit aussi, en creux, pourquoi ceux qui connaissent la vérité la taisent la plupart du temps car le danger de la révélation est trop grand pour eux et trop grand, jugent-ils, pour la société où ils vivent et qu'ils ne veulent pas (comme vous et moi ?) voir changer trop radicalement.
La révolution est une machine qui broie toujours ses enfants.
Vaut-il mieux alors s'accommoder du mensonge ?

Qu'est-ce que la vérité ?
À cette question de Ponce Pilate, si je me souviens bien (précaution purement rhétorique), Jésus ne répond pas (est-ce Jésus le Galiléen ou Jésus-Christ, le dieu grec auquel des écrivains grecs ont attribué des paroles ? Qu'importe, ni lui ni son alter égo grec ne répond ou alors dilatoirement, au moyen d'une interpolation ultérieure « Je suis la voie, la vérité, la vie ! »).
Qu'est-ce que la vérité, donc ? La question reste ouverte.

samedi 26 septembre 2009

Température du 26 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Souvenir de voyages

C'est une affiche que vous allez trouver partout dans les toilettes de Grèce et de Turquie (peut-être ailleurs où nous ne sommes pas encore allés), très étonnante pour des Nord-américains.
(Parfois elle est moins jolie et (par conséquent?) moins polyglotte que celle que je vous présente).
Faites-m'en part si elle est étonnante aussi pour des Européens, et si vous l'avez vue ailleurs qu'en Grèce et en Turquie.

«Mourir n'est pas la mort» de Christiane Laforge

À lire, sur la mort de Pierre Falardeau, une note de Christiane Laforge sur son blogue (Orage sur océan), (cliquez pour y être).

À voir: des photos de la cathédrale de Salisbury en Angleterre

Sur le blogue de l'Estro Armonico, des photos magnifiques de cette cathédrale gothique, (cliquez pour y être).

À lire: sur la mort de Nelly Arcan et de Pierre Falardeau

Une note de Denise Pelletier, sur son blogue (Spécial du jour), intitulée:


(cliquez ce titre pour y être)
.

Mensonges les plus fréquents

Selon Zigonet (un article y rapporte les résultats d'une étude, selon laquelle les hommes mentent deux fois plus que les femmes, ici), voici le palmarès des trois mensonges les plus fréquents de chacun des sexes:

Au top des mensonges masculins:

1. Pas de problème, tout va bien.

2. C’est ma dernière bière.
3. Non, tes fesses ne sont pas grosses là-dedans.

Au top des mensonges féminins:

1. Pas de problème, tout va bien.
2. Non ce n’est pas neuf, je l’ai depuis longtemps.
3.
C’était pas cher.

Coupoles de la Plaka

Parmi les coupoles que j'aime il y a celles de cette minuscule église d'Athènes, la Kapnikarea ou Panaghia Kapnikarea (édifiée au 11e siècle environ), en plein milieu de l'odos Ermou (la rue Hermès*), la principale rue commerciale de la vieille Athènes (c'est dans la Plaka).
Voici un zoom sur la plus grande et un autre sur la plus petite:

Selon la guide Nelly, la coupole chez les Orthodoxes représente le point le plus élevé du ciel (on y peint en général le Christ sous les aspects du Pantocrator et, autour de lui, les diverses hiérarchies d'anges et de saints).
Pour les Orthodoxes, les églises sont en effet faites pour faire descendre le ciel sur la terre.
(Et ils imaginent le ciel constitué comme la cour des empereurs byzantins).
Alors que les églises occidentales seraient, quant à elles, faites pour monter jusqu'au ciel, pour prendre, en quelque sorte, le ciel d'assaut.
D'où leur grande hauteur, intérieure et extérieure.
Je dirais que les Occidentaux me semblent ainsi plus «orthodoxes» que les Orthodoxes, plus fidèles à la parole du Christ (pour autant qu'il ait réellement prononcé cette parole), selon laquelle «son Royaume n'est pas de ce monde».
Querelles d'églises sans doute, mais peut-être ces différences de perspectives sur les relations de la terre et du ciel ont-elles un effet sur la perception que les gens ont des choses, sur leur philosophie et sur leur idéologie: vouloir monter à l'assaut du ciel me semble pouvoir construire une mentalité plus propice à l'action, au progrès, à l'amour du changement, à la rébellion.
L'autre attitude me semble favoriser la soumission et l'acceptation de l'ordre établi.

* Disons la «rue d'Hermès» puisque Ermou est au génitif -complément de nom. Quel bonheur de trouver une rue commerciale portant le nom du dieu du commerce «Hermès»! Dont voici une statue qui est au Vatican (on l'aurait deviné, n'est-ce pas, à lui voir le pénis ainsi coupé!)

Un train, des pieds, une femme, l'Inde

C'est une photo tirée d'un diaporama quelque part sur Internet il y a quelques jours: il s'agit de quelques voyageurs en Inde, des voyageurs sans « titre de transport » comme on dit dans le langage de l'administration des Chemins de fer en France (si je me souviens bien).
Ce qui m'intéresse (je l'avoue) ce n'est pas la voyageuse dans sa position instable entre deux wagons mais les pieds des voyageurs en haut.
On ne se refait pas.
Nous avons un exemple de pieds égyptiens au centre et deux exemples de pieds grecs à gauche et à droite (voir ici pour une explication).
Mais, outre le type des pieds, le fait que, de ceux qui voyagent le plus confortablement dans cette photo (à l'intérieur des wagons voyagent plus confortablement encore les membres des castes supérieures), on ne voit que les pieds (et ce sont des pieds d'hommes, il faut le souligner) et que, de celle qui voyage en courant les plus grands dangers, on voit le visage et la fragilité, ce fait, donc, est significatif : nous avons probablement l'Inde et ses hiérarchies devant les yeux.


P. S.  Depuis la rédaction de ce billet, l'appétit insatiable des habitants masculins de l'Inde pour les viols collectifs est venu à notre connaissance : la si fragile jeune femme risque peut-être de le subir de la part des possesseurs de pieds !

vendredi 25 septembre 2009

Température du 25 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Présent


Définition du présent.
De Gilles Vigneault.
Le présent qui est en effet vague au point d'être imperceptible, puisque nous ne vivons que pour l'instant qui vient et (peut-être davantage en ce qui me concerne) dans les vastes plages du passé.
Lesquelles n'ont quant à elles rien de vague et contre lesquelles les vagues du temps ne peuvent encore rien, ni les monstres de la mer.
Mais eux et elles veillent patiemment, et montent constamment à l'assaut. La victoire est certaine.

Écrire, une manière de garder le silence

Une citation d'Alberto Manguel, tirée de son roman «Todos los hombres son mentirosos*» (écrit en espagnol, sa langue maternelle, alors que ses essais sont écrits en anglais, -une réflexion à poursuivre pour nous, déjà entamée à propos de Beckett, ici):

Écrire est une manière de garder le silence, de ne pas parler, d'empêcher les mots de prendre leur envol, comme disait Vallejo, de les enraciner dans la page. Écrire est une manière de proférer une menace sans la formuler à voix haute, en s'arrangeant pour que l'ombre des lettres nous tourmente entre les lignes.


Une manière d'envisager toute écriture, à la fois manière de se faire violence pour se taire et manière de menacer.
Mon écriture aussi? Et la vôtre?
Le doute s'insinue ...

* Traduction française: «Tous les hommes sont menteurs», traduit de l'espagnol (Argentine) par Alexandra Carrasco. Actes Sud, 204 p. On en parle et c'est à ce compte rendu que j'emprunte la citation si intéressante.

Déprédations impies

Le fronton vide du Panthéon de Rome (qui est encore une église aujourd'hui, imaginez-vous, appelée «Sainte-Marie aux Martyrs» -l'insulte s'ajoute à l'injure) qui est, pour moi, le symbole et la «mise en abyme» de toutes les déprédations chrétiennes exercées non seulement sur les monuments romains (et antiques en général, car les mêmes déprédations se sont exercées sur les monuments grecs) mais sur la philosophie, la pensée, l'art, la culture, les institutions du grand Empire qui nous a engendrés, nous et la civilisation qui est la nôtre.
Il faut aller au à Saint-Pierre de Rome pour voir le bronze qui parait ce fronton sous Hadrien.
(Cliquez la photo pour mieux voir les trous par où tenait la sculpture qu'on a volée)
On a fondu l'aigle pour abriter les sénescences pontificales (ce titre de «pontife», appliqué au pape, est aussi une déprédation).

jeudi 24 septembre 2009

Température du 24 septembre à Saguenay

Matin---------------------------------------------Soir

Le paradis de l'enfance (et les autres)

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHR6as3tqV5OWXTmxCg4_D5f0uy_8hcW4fJxNYRJotVsd-RbCDPnsgXk_3ST6xyEhzv_SorUoRLzISo3TpfrFEVqnj22tT9F-oen-oN3AcKvAiVGALFC2UETBUzg2COn8ZYRyb5Yr5SCbo/s400/Magical+Mystery+Tour.jpg
Chacun a son paradis de l'enfance et ce paradis porte un nom, différent pour chacun.
Le mien s'appelait «
Villa de la jeunesse » et j'en ai parlé ici.
Pour Marcel Proust, du moins dans ses oripeaux de narrateur d'« À la recherche du temps perdu », c'était Combray (peut-être Illiers quand il s'agissait de Proust lui-même, et non du narrateur de son roman, qu'il ne faut pas confondre avec lui).
Pour John Lennon ce paradis s'appelait «
Strawberry Fields » et c'était un orphelinat de Liverpool derrière lequel il jouait enfant, et aux fêtes duquel il participait parfois.
Une partie de Central Park à New York porte le nom de «
Strawberry Fields », près du lieu où il habitait et où il a été assassiné.
Peut-être sa mort lui a-t-elle permis de retourner vraiment à «
Strawberry Fields » pour y retrouver à jamais (« forever ») le paradis qu'il croyait avoir irrémédiablement perdu.
Mais qu'importe ce que ces noms cachaient : ces lieux sont tous devenus les espaces du rêve, de la nostalgie et du bonheur à jamais (peut-être) perdu (retrouvé un instant dans une chanson, dans un air*, dans un regard, dans un sourire).
Comme je vous l'avais promis ici, je vais vous présenter la chanson « Strawberry Fields Forever » de l'album (vinyle) « Magical Mystery Tour » où, longtemps d'avance, les Beatles pressentaient ce qui allait les réunir plus tard au Cirque du Soleil, peut-être l'un de leurs lointains descendants, et où
John Lennon dit sa nostalgie et son regret.
Je vous la présente quant à moi parce que je l'aimais et qu'elle a aimanté un autre paradis, celui de la vingtaine, qui n'en était pas un au moment où je le vivais mais qui l'est devenu maintenant que je l'ai perdu car les paradis sont faits seulement de ce que nous avons perdu, métamorphosé par le souvenir, l'oubli et le regret.



Strawberry Fields Forever

Let me take you down, 'cause I'm going to Strawberry Fields.
Nothing is real and nothing to get hung about.
Strawberry Fields forever.
Living is easy with eyes closed, misunderstanding all you see.
It's getting hard to be someone but it all works out.
It doesn't matter much to me.


Let me take you down, 'cause I'm going to Strawberry Fields.
Nothing is real and nothing to get hung about.
Strawberry Fields forever.
No one I think is in my tree, I mean it must be high or low.
That is you can't you know tune in but it's all right.
That is I think it's not too bad.


Let me take you down, 'cause I'm going to Strawberry Fields.
Nothing is real and nothing to get hung about.
Strawberry Fields forever.
Always know sometimes think it's me, but you know I know and it's a dream.
I think I know of thee, ah yes, but it's all wrong.
That is I think I disagree.

Let me take you down, 'cause I'm going to Strawberry Fields.
Nothing is real and nothing to get hung about.
Strawberry Fields forever.
Strawberry Fields forever.
Strawberry Fields forever.

Et voici la traduction que je vous propose. Libre à vous de me proposer des modifications et de me faire des suggestions pour l'améliorer.


«Strawberry Fields» pour toujours

Laissez-moi vous emmener car je dois aller à «Strawberry Fields».
Rien n'est réel, pas de souci à se faire
«Strawberry Fields» pour toujours.

Vivre est facile avec les yeux fermés, ne rien saisir de ce qu'on voit
Ça devient difficile d'être quelqu'un mais on y arrive
Ça ne m'intéresse pas beaucoup


Laissez-moi vous emmener car je dois aller à «Strawberry Fields».
Rien n'est réel, pas de souci à se faire
«Strawberry Fields» pour toujours.

Il n'y a personne d'autre dans mon arbre, je pense, je veux dire grand ou petit
C'est-à-dire que vous ne pouvez pas saisir mais ça va
C'est-à-dire que ce n'est pas trop mauvais je pense

Laissez-moi vous emmener car je dois aller à «Strawberry Fields».
Rien n'est réel, pas de souci à se faire
«Strawberry Fields» pour toujours.

Souvent je pense que c'est moi, mais, vous savez, je sais quand c'est un rêve...
Je m'imagine que je te connais, oh oui, mais c'est tout faux
C'est-à-dire que je ne suis pas d'accord, je pense

Laissez-moi vous emmener car je dois aller à «Strawberry Fields».
Rien n'est réel, pas de souci à se faire
«Strawberry Fields» pour toujours.
«Strawberry Fields» pour toujours.
«Strawberry Fields» pour toujours.

* Dans un air, « un air pour qui, comme Gérard de Nerval,
je donnerais
Tout Mozart, tout Rossini et tout Weber,Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets ! »

Qu'est-ce que la vérité?

Une petite pensée de Condorcet qui devrait nous inciter, je pense, à toujours douter de nos propres affirmations et à toujours postuler que ce que nous considérons comme la vérité n'est qu'une hypothèse (provisoire) dans la recherche de celle-ci.
C'est de toute façon le fondement de la méthode expérimentale en science
.

La Peur du feu de la Liberté

Je me demande si Paul Morand, nonobstant son antisémitisme et sa collaboration vychissoise, n'a pas reçu, en cette circonstance, le don de double vue quand il écrivait ceci à propos de la Statue de la liberté:

-Cette dame enceinte, dans sa robe de chambre à plis de bronze, un bougeoir à la main, c'est la Liberté éclairant le Monde, de Bartholdi.
Elle tourne légèrement son flambeau vers l'Europe, comme pour l'éclairer d'abord [...].
Sa statue est exilée en mer sur une petite île: a-t-on peur qu'elle mette le feu avec sa torche, en plein vent?