dimanche 13 décembre 2009

Un héros étasunien comme les autres et (comme aussi notre vie) tissé de mensonges

Voici ce qu'écrit Nathalie Pétrowski en conclusion de sa chronique ( de décembre 2009) intitulée « Tiger pour toujours* », (elle est ici, complète, cette chronique, dans Cyberpresse):

Certains ont dit que les déboires de Tiger ont eu le mérite de nous montrer qu'il était humain malgré tout. Ils se trompent. Non seulement Tiger Woods n'est pas humain, il n'a jamais existé.
Tiger Woods est un simulacre de héros fabriqué dans les officines des grandes firmes de relations publiques internationales.
Tigers Woods est le fantasme d'une armée de faiseurs d'images qui ont voulu offrir à l'Amérique moyenne, et ultimement au monde entier, une icône noire propre, lisse, normale et normalisée jusqu'à l'ennui. Tiger Woods avait tout pour lui. Tout sauf la vérité.

Mais ce héros qui n'a jamais existé, celui dont le prénom n'est pas « Tiger » mais « Eldrick », « Tiger » étant simplement le camouflage d'« Eldrick », comme le dieu Tiger Woods (créé, non incréé) n'est que le camouflage d'« Eldrick Woods », « cet homme accro aux pilules, tricheur, menteur, baiseur compulsif, jamais rassasié, alignant les filles comme des balles de golf dans un champ de tir », écrit encore Nathalie Pétrowski, cet homme nommé « Eldrick » ne nous ressemble-t-il pas, nous qui jouons notre vie comme un rôle de cinéma ou de théâtre en essayant de n'oublier aucune réplique et de tricoter, sans échapper trop de mailles, le mensonge de notre vie ?

Τελειωμένα

Μέσα στον φόβο και στες υποψίες,
με ταραγμένο νου και τρομαγμένα μάτια,
λυώνουμε και σχεδιάζουμε το πως να κάμουμε
για ν' αποφύγουμε τον βέβαιο
τον κίνδυνο που έτσι φρικτά μας απειλεί.
Κι όμως λανθάνουμε, δεν είν' αυτός στον δρόμο·
ψεύτικα ήσαν τα μηνύματα
(ή δεν τ' ακούσαμε, ή δεν τα νοιώσαμε καλά).
Άλλη καταστροφή, που δεν την φανταζόμεθαν,
εξαφνική, ραγδαία πέφτει επάνω μας,
και ανέτοιμους -πού πιά καιρός- μας συνεπαίρνει.



C'est fini

Dévoré de peur, assailli de doutes,
l'esprit tourmenté et les yeux pleins d'horreur,
nous nous évertuons à chercher ce que nous pourrions faire
pour écarter de nous le danger
inéluctable dont l'imminence nous terrifie.
Pourtant, nous nous trompons, ce n'est pas lui sur le chemin;
les renseignements étaient faux
(ou nous les avons mal entendus, ou mal compris).
Une autre catastrophe, que nous n'avions pas imaginée
fond subitement sur nous tel l'éclair
et à l'improviste -trop tard, maintenant- nous emporte**.



* Il y a, je crois, sous ce titre, en creux, le titre anglais « Tiger forever », qui rime si bien. À Montréal, sous le français, il y a toujours l'anglais qui rage et rugit silencieusement, comme « Eldrick » sous « Tiger ».
** Traduit par Dominique Grandmont pour Poésie/Gallimard.

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