mardi 21 juillet 2009

Il est mort en faisant ce qui le passionnait

Voici la manchette qui a été la cause de cette note
et la photo qui l'accompagnait.
Remarquez dans la colonne de droite:
«Un homme meurt après avoir chuté d'un balcon».
Faisait-il ce qu'il aimait sur le balcon?


Il est mort en faisant ce qu'il aimait.

Il est mort en faisant ce qui le passionnait.

L'une ou l'autre variante de ces deux phrases est ce qu'on entend de plus en plus souvent quand une mort quelconque fait la manchette.
La première c'est quand un soldat du contingent canadien en Afghanistan est tué, que ce soit dans l'explosion d'une bombe dite artisanale (les talibans afghans ne sont manifestement pas suffisamment professionnels pour faire des bombes professionnelles, contrairement aux fabricants d'armes occidentaux ou chinois ou russes, etc.) ou dans un accident d'hélicoptères (achetés en Angleterre, ces hélicoptères, comme les sous-marins qui prennent feu juste à voir le soleil en faisant surface : il fait dire que les armées canadiennes achètent toujours du matériel d'occasion et, en outre, toujours du matériel anglais d'occasion, solidarité impériale oblige même si l'empire est en principe dissous, à l'insu de certains dirait-on), etc.
N'est-ce pas ? la mort d'un soldat qui fait la guerre est moins regrettable puisque ce soldat meurt en « faisant ce qu'il aimait », même s'il meurt dans un accident d'hélicoptère et non au combat.
Cela manifestement est une maxime concoctée par une agence de publicité à l'usage d'un gouvernement en mal d'inspiration et que celui-ci souffle au commandant du régiment ou aux parents du soldat mort quand ceux-ci publient un communiqué expliquant leurs réactions à cette mort ou quand ils s'adressent à la caméra télé ou aux journalistes.
Vraiment, le soldat mort aimait combattre et risquer de tuer quelqu'un lors du combat ? 

Vraiment, s'il est mort, il est content (s'il peut encore ressentir quelque chose) d'être mort en faisant cela ?
Le mal se répand : la deuxième phrase ci-dessus a été prononcée par la femme d'un amateur (non militaire) de voile, mort quand son voilier a été éperonné par un yacht lancé à toute vitesse.
Il semble que l'amateur de voile n'ait pas été le seul à avoir du plaisir dans cette mort : le conducteur fou du yacht n'est pas mort en faisant lui aussi « ce qui le passionnait ».
Je préfère ce plaisir-là au plaisir de l'amateur de voile.
Personnellement j'aime beaucoup me coucher pour dormir : est-ce que lorsque je mourrai couché dans un lit chez moi ou à l'hôpital ma famille se consolera et consolera les foules éplorées à qui elle annoncera ma mort en disant que « je suis mort en faisant ce que j'aimais » ?
Si on meurt en faisant ce qu'on aime, j'aime mieux ne plus faire ce que j'aime.

Adieu sommeil ?

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