mardi 21 avril 2009

l'Homme et le matou sont bien stupides (Charles Cros)

J'avais un poème de Charles Cros où apparaît un «petit chat noir» mais aucune photo du diaporama d'écrivains avec leur animal favori du «Magazine littéraire» dont je vous ai présenté quelques éléments au cours des dernières semaines.
Et puis j'ai trouvé un timbre français présentant ce poète et scientifique, qui m'a semblé approprié.
J'aime beaucoup Charles Cros dont la vie est pleine d'occasions manquées: il a inventé le phonographe en même temps que Thomas Édison (esprit plus pragmatique) qui l'a pris de court en construisant le premier un prototype.
Il a inventé la photo couleur mais n'en a rien tiré.
Etc.
Heureusement, avant de mourir très jeune (éthylisme sans doute), il a aussi écrit des vers (fatalité: ses poèmes n'ont pas été appréciés de son vivant et leur nouveauté masquée par d'autres -les poésies de Rimbaud notamment).
Je vous présente donc le beau timbre d'abord (il date de 1977 et son prix est indiqué en franc), puis le poème dont on a fait une chanson (je ne sais pas qui a fait la musique) interprétée par Juliette Gréco et que je n'ai trouvée nulle part (je vous promets de l'ajouter à cette note aussitôt que je la trouverai, quelle que soit sa forme).


Berceuse

Endormons-nous, petit chat noir.
Voici que j'ai mis l'éteignoir
Sur la chandelle.
Tu vas penser à des oiseaux
Sous bois, à de félins museaux...
Moi rêver d'Elle.

Nous n'avons pas pris de café,
Et, dans notre lit bien chauffé
(Qui veille pleure.)
Nous dormirons, pattes dans bras.
Pendant que tu ronronneras,
J'oublierai l'heure.

Sous tes yeux fins, appesantis,
Reluiront les oaristys
De la gouttière.
Comme chaque nuit, je croirai
La voir, qui froide a déchiré
Ma vie entière.

Et ton cauchemar sur les toits
Te dira l'horreur d'être trois
Dans une idylle.
Je subirai les yeux railleurs
De son faux cousin, et ses pleurs
De crocodile.

Si tu t'éveilles en sursaut
Griffé, mordu, tombant du haut
Du toit, moi-même
Je mourrai sous le coup félon
D'une épée au bout du bras long
Du fat qu'elle aime.

Puis, hors du lit, au matin gris,
Nous chercherons, toi, des souris
Moi, des liquides
Qui nous fassent oublier tout,
Car, au fond, l'homme et le matou
Sont bien stupides.

2 commentaires:

VANGAUGUIN a dit…

Hello Jack.

Bel article pour un créateur (de plus), méconnu, mais pas inconnu, la preuve.

trouvé sur wikipédia france, pour compléter votre article: Berceuse (recueil Le Coffret de santal), interprété par Juliette Gréco, mis en musique par Yani Spanos pour l’album Complainte amoureuse, 33 tours, LP, Philips 849.457 BY paru en octobre 1969

inutile de valider ce com, c'était juste pour vous passer l'info. Bonne continuation. :-)

orfeenix a dit…

Un bel exemple d' artiste qui ne savait pas se mettre en valeur ni "rentabiliser " son talent, il ne devait pas beaucoup s' aimer celui-là!

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