lundi 2 juin 2008

L'Art de la haute couture

C'est la mort d'Yves Saint Laurent (ci-haut) qui m'amène aujourd'hui à cette réflexion.
Pendant tout le 20e siècle les grands couturiers français (particulièrement) ont cherché et réussi (évidemment, je crois) à libérer les corps des
vêtements-armures, des vêtements-contraintes, bref des vêtements asservissants.
Et cela au profit des vêtements-confort, des vêtements qui respectent le corps tel qu'il est plutôt que de tenter de le faire ressembler à ce qu'il n'est pas ou à un modèle qui n'existe pas dans la réalité.
Qui existe seulement dans les fantasmes névrotiques de l'un ou de l'autre.
Ont contribué à la révolution, Paul Poiret (à gauche) en abolissant le corset, Gabrielle Chanel (à droite) en instaurant la ligne «garçonne», Christian Dior (à gauche en bas) avec la ligne H et Yves Saint Laurent avec, entre autres, le smoking féminin.
Ce ne sont que des exemples pris parmi ceux qui ont contribué à la libération, les exemples les plus évidents.
Ils n'ont pas libéré seulement le corps des femmes mais aussi celui des hommes.
Car si, épisodiquement, certains des grands couturiers se sont inspirés du vêtement masculin ( Chanel, Saint Laurent notamment) pour libérer celui des femmes, par un effet retour, le vêtement féminin ainsi libéré a libéré celui des hommes, qui s'est lui aussi
déformalisé (le «jean» universel qu'Yves Saint Laurent regrettait de ne pas avoir inventé tant ce vêtement allait dans le sens du projet vestimentaire qu'avec ses prédécesseurs il poursuivait).
Par cette libération des corps, ces grand couturiers ont transformé la haute couture en art car en libérant le corps ils ont du même mouvement libéré l'âme qui est une partie du corps, qui ne peut pas être sans lui et ne peut vivre sans lui, mais qui transforme ce qui vient de lui en émotions et en pensées, en amour et en beauté, en éternité mais dans le temps, si l'on peut dire.
Par eux, l'âme qui se découvre «
corps par la musique» selon le mot sublime de Claude Lévi-Strauss (ci-dessous), se découvre vêtements par la haute couture, comme, par la poésie, elle se découvre langue.

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