vendredi 28 mars 2008

Irlande, dignité et mépris

Chose intéressante à Dublin et, je crois, dans toute l'Irlande: la plupart des statues sont au niveau de la rue, sans socle (ou alors un tout petit). Comme si c'était d'autres passants mais immobiles.
Je vous présente celles de James Joyce
(à droite) et d'Oscar Wilde (à gauche) à Dublin, parce que ce sont des écrivains, et celle de Charlie Chaplin (en bas: c'était, comme vous le savez, un cinéaste) à Waterville, à l'extrême ouest de l'Île, où, lors de notre passage, en juillet, la température était de 10º Celsius et le vent d'au moins 100km/h.
La présence de palmiers dans cette ville était pour nous, Québécois, étonnante.

Ces statues de grands hommes ou de gens célèbres placés au niveau des gens ordinaires me semblent une idée touchante en Irlande.

Les habitants de ce pays martyr étaient tant méprisés par les aristocrates britanniques qui les exploitaient et les massacraient depuis cinq ou six siècles qu'il leur fallait réagir ainsi, afin de montrer qu'ils avaient plus de dignité que ne le croyaient leurs séculaires assassins.
Un exemple du mépris aristocratique britannique: le vainqueur de Napoléon à Waterloo, le duc de Wellington (à droite par Goya), né en
Irlande, ne voulait pas que l'on dise qu'il était Irlandais. Il disait (voyez tout le mépris, c'est celui que partageait toute l'Angleterre à l'égard de l'Irlande):

Ce n'est pas parce qu'on est né dans une écurie qu'on est un cheval.

Tant de mépris mêlé à tant d'orgueil! Car implicitement le duc s'égale ici à un dieu qui serait, dit-on, né dans une étable, entre un bœuf et un âne.
Le duc fait l'âne à défaut d'être un cheval.
Car c'est (cette pensée inconsciente), à mon avis, une autre manifestation de cette manie anglo-saxonne (que l'on voit aujourd'hui à l'œuvre aux États-Unis par exemple) de se prendre pour un nouveau sauveur du monde, un nouveau messie.
Mais cela finit parfois par une crucifixion.

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